mardi 12 janvier 2010

Orthographe : les pièges à éviter dans vos documents

E-mails, courriers, rapports... Tous les jours, on se pose des questions quant à l'orthographe de tel ou tel mot. Comment s'accordent les verbes pronominaux ou encore les noms composés ? Quand faut-il mettre un trait d'union ou un accent ? Voici quelques règles orthographiques et leurs exceptions pour vous y retrouver.

Des pluriels trompeurs

Le pluriel des noms composés
Voici, dans le tableau ci-dessous, quelques règles concernant le pluriel des noms composés, qu'ils soient construits à partir de noms, adjectifs ou verbes. La mention (s) signale si l'une ou l'autre partie du mot composé s'accorde. En règle générale, seuls les noms et adjectifs acceptent un pluriel, à l'exception près de "grand", des mots invariables et des noms complément (lorsque le complément du nom est un autre nom juxtaposé au premier). Verbes et adverbes restent invariables.
 


 

Pluriel des noms composés


 


Règle
Exemple


Nom(s) + nom(s)
Un wagon-restaurant, des wagons-restaurants


Nom(s) + nom complément
Un timbre-poste, des timbres-poste


Nom(s) + adjectif(s)
Adjectif(s) + nom(s)

Une belle-sœur, des belles-sœurs


Grand + nom féminin(s)
Une grand-mère, des grand-mères


Verbe + nom(s)
Un porte-clé, des porte-clés


Adverbe + nom(s)
Un haut-parleur, des haut-parleurs


Verbe + mot invariable
Un passe-partout, des passe-partout


Verbe + verbe
Un savoir-vivre, des savoir-vivre


Proposition
Un pince-sans-rire, des pince-sans-rire


Les mots et expressions invariables
Il existe certains mots qui, lorsqu'ils sont apposés derrière un autre nom ou font partie d'un mot composé, restent invariables. Il en va ainsi de phare, culte, ou encore cible. Par exemple : des produits phare, des slogans culte, etc.
Au contraire, clé s'accorde lorsqu'il est employé en apposition ou dans un mot composé. Il prend alors un trait d'union ou non. Par exemple : des mots-clés, des postes clés...
Demi présente certaines particularités également. Il est ainsi invariable lorsqu'il est placé devant un nom et prend un trait d'union : deux demi-heure. Toutefois, après un nom, demi(e) prend le genre du nom auquel il se réfère et reste au singulier : deux heures et demie.

L'accord de "tout"
Lorsque tout précède un nom sans article, son accord est quelque peu délicat.
Utilisé en tant qu'adverbe, au sens "très", "entièrement", tout est invariable devant les noms masculins et les noms féminins commençant pour une voyelle ou un "h" muet. En revanche, il s'accorde en genre et en nombre devant les noms féminins commençant par une consonne ou un "h" aspiré. On écrira ainsi "elle était tout émue" mais "elles étaient toutes belles". Attention, le sens de la phrase importe. Si vous souhaitez dire que chacune d'entre elles étaient émues, vous écrirez "elles étaient toutes émues."



 

Quelques locutions formées avec "tout" à connaître


 


Singulier
Pluriel


De tout temps
À tous égards


À tout hasard
En toutes lettres


À tout prix
De toutes pièces


En toute hâte
Toutes choses égales


À toute heure
De toutes parts


De toute façon
En tout cas



Les mots d'origine étrangère
Les mots empruntés aux langues étrangères et francisés s'accordent en général comme tout autre mot français. Gare à ne pas se tromper. Ainsi match, d'origine anglaise, devient au pluriel matchs et non matches (pluriel mais en anglais).
Scénario, d'origine italienne, s'écrit au pluriel scénarios. La forme scénarii est plus rare mais également possible. L'Académie française recommande la première solution.
Bref, si un mot d'origine étrangère est d'usage courant en français, il faut en franciser l'accord.

Les mots et expressions problématiques


Quelques, quelque, quel que...
Dans sa forme la plus courante, quelque(s) est un adjectif indéfini singulier ou pluriel qui désigne "un certain nombre de" ou "un petit nombre de". Par exemple : "Dire quelques mots", "Il y a quelque temps", etc.
Quelque, invariable, fait également office d'adverbe signifiant "environ" ou "à peu près". Devant un nombre, il a toujours fonction d'adverbe et ne s'accorde donc pas. Par exemple : "Il y a quelque cinq ans", "Les quelque quatre cents points de vente"... Cet adverbe est également employé dans le sens de "bien que" : "Quelque habiles qu'ils soient...".
A ne pas confondre avec quel que, en deux mots, le plus souvent employé devant le verbe être. Cette forme s'accorde en genre et en nombre avec le sujet :
» Quel que soit son avis...
» Quels que soient les aléas...
» Quelles que soient les réalités...


Quoi que, quoique
Quoique est une conjonction de subordination qui signifie "bien que" ou "encore que". Pour la reconnaître, il suffit de vérifier qu'on peut la remplacer par l'une de ces conjonctions. Elle sert à introduire une proposition subordonnée et disparaît avec cette dernière. "Quoique cernés par les troupes ennemies, ils continuèrent d'avancer" donnera par exemple "Ils étaient cernés par les troupes ennemis mais ils continuèrent d'avancer".
Quoi que est une locution pronominale qui signifie "quelle que soit la personne/la chose qui ou que...". Si la proposition est rendue indépendante, "quoi que" devra être remplacé par "quelque chose". Ainsi "Quoi qu'ils décident de faire, cela aura un impact sur l'organisation du service" donnera par exemple "Ils décident de faire quelque chose. Cela aura un impact sur l'organisation du service."

A l'attention de, à l'intention de...
Ces deux paronymes, souvent confondus, ont pourtant des sens très différents. Lorsqu'on souhaite adresse un courrier, un mail ou une note à une personne, on utilise la formule administrative à l'attention de, pour marquer que l'on attire l'attention du destinataire et que l'on requiert toute son attention.
A l'intention de signifie "en l'honneur de", "pour que la personne en bénéficie".

Etre gré ou savoir gré ?
Face à cette erreur fréquente, il faut rappeler que l'expression par laquelle on exprime sa reconnaissance est savoir gré (à quelqu'un) de quelque chose. De ce fait, on n'écrit pas "je vous serais gré" mais "je vous saurais gré".

Avoir affaire à...
On notera que "avoir affaire à quelqu'un" s'écrit toujours au singulier et n'a aucun rapport avec "avoir à faire" qui signifie simplement que l'on a des choses à faire.
 
Consonne double ou simple ?
Faut-il doubler une consonne dans un mot ou pas ? Cela dépend de ce que l'on souhaite dire. En effet, certains mots changent de sens dès que l'on double une consonne.
» Ainsi détonner concerne le ton et détoner se rapporte à une explosion.
» De son côté, l'adjectif prud'homal s'écrit avec un seul m tandis que le nom en prend deux : prud'hommes.

Les homophones

Certains mots ont la même prononciation mais une orthographe différente. Il existe une kyrielle d'homophones qu'il convient de maîtriser pour soigner son orthographe, tout autant que le sens de ses propos.

"Au temps pour moi" et "autant pour moi"
Si elles se prononcent de la même manière, ces deux expressions n'ont pas la même signification.
En effet, Au temps pour moi est issue du langage militaire où au temps ! s'emploie pour commander la reprise d'un mouvement depuis le début. Plus couramment, cette expression est employée lorsqu'une personne investie de l'autorité ou de la responsabilité affirme une chose à valeur collective, se rend compte de son erreur et la reconnaît. Par cette concession, elle va reconsidérer les choses en reprenant depuis le début.
Autant pour moi est relatif à une quantité : on demande la même chose pour soi-même.

Cession / session
Veillez à distinguer la cession, terme juridique qui vient du verbe "céder", de session qui définit une séance, une période.

Davantage / d'avantage
L'adverbe davantage s'écrit tout attaché et ne prend jamais de "s". Il ne doit pas être confondu avec le nom avantage, précédé de l'article "de" élidé.

Différent / différend / différant
Pour évoquer un malentendu ou un conflit, on parlera de différend alors que l'adjectif différent signifie dissemblable. On peut ajouter le participe présent du verbe différer - remettre à plus tard ou bien être différent - qui, à l'inverse de l'adjectif, ne s'accorde pas.

Empreint / emprunt
Empreint - qui signifie marqué de - est le participe passé du verbe empreindre et s'écrit donc avec la même orthographe. Il n'a aucun rapport avec le nom emprunt, synonyme de prêt et qui découle du verbe emprunter

For / fort
L'écriture de fort avec un -t à la fin est la plus courante : elle est valable pour le nom (un chateau) et l'adjectif (solide, résistant...). Dans l'expression "fort de...", on accordera en genre et en nombre avec le sujet auquel il se rapporte. Par exemple : "Forte de son expérience, elle mit très peu de temps à réaliser l'exercice." En revanche, dans l'expression "se faire fort de", fort est invariable.
For s'utilise uniquement dans l'expression "en son (mon) for intérieur".

Résonner / raisonner
Résonner concerne le bruit alors que raisonner tient de la réflexion.

Sain / saint / sein / seing
On différenciera l'adjectif sain - en bonne santé ("ils sont sains et saufs") - de son homophone finissant par un -t, synonyme de "vertueux" ou "sacré", du nom sein (la poitrine), utilisé dans les expressions ("au sein de" ou "en son sein") et de seing. Ce nom est un synonyme de signature peu usité mais que l'on retrouve dans les locutions "sous seing privé" (pour un acte qui n'est pas réalisé devant un officier public) et "blanc-seing" (feuille blanche signée donnée à une personne pour qu'elle la remplisse à sa guise - au figuré "donner carte blanche").

Sceptique / septique
On prendra garde à orthographier correctement l'adjectif sceptique, qui signifie "qui doute" ou bien le nom équivalent : "celui qui a des doutes". En effet, l'homonyme septique a une toute autre signification puisqu'il veut dire "qui produit l'infection, porteur de germes".

Sensé / censé
L'adjectif sensé, "qui a du sens", diffère de censé qui signifie "présumé" ou "supposé".

Tirer parti de / faire partie de
Ces deux expressions s'écrivent différemment car elles n'utilisent pas le même nom. Dans le premier cas, il s'agit d'un parti, au sens "regroupement de personnes ayant le même point de vue". On le retrouve également dans "prendre parti pour". Dans le deuxième cas, on utilise le nom féminin une partie (élément d'un ensemble). Il est également présent dans les expression "être juge et partie" et "prendre quelqu'un à partie".

Voir / voire
Si le verbe voir est couramment utilisé, il faut penser à ajouter un "e" lorsqu'on utilise la conjonction voire, qui sert à relier des groupes de mots avec une idée de gradation. "Le projet ne sera pas terminé avant septembre, voire octobre."

L'accord des verbes pronominaux 

En règle générale, le participe passé conjugué avec le verbe être s'accorde en genre et en nombre avec le sujet. Sauf exceptions, il en va de même pour les verbes pronominaux, notamment lorsque le verbe a un sens passif ou bien qu'il n'existe pas sous une forme non pronominale. Par exemple : "Ces voitures se sont bien vendues" (forme passive), "Ils se sont lavés".
 
Les exceptions à la règle
Il existe deux cas dans lesquels les verbes pronominaux ne s'accordent pas :

1. Lorsqu'il y a un complément d'objet direct (COD). On considère alors qu'être est employé pour avoir. On applique alors les règles d'accord avec l'auxiliaire avoir, c'est-à-dire que le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le COD si ce dernier précède le verbe.

Exemples :
» "Ils se sont lavé les mains" (on peut se poser la question : "Ils ont lavé quoi ?).
» "Les logiciels qu'elle s'est achetés" (qu' est le COD et représente "les logiciels", le participe passé s'accorde avec le COD)

2. Lorsque le pronom réfléchi se est un complément d'objet indirect (COI) ou d'attribution. Par exemple : "Ils se sont plu" (on peut se poser la question : "Ils ont plu à qui ?"), ou encore "Elle s'est acheté des logiciels".

L'accord du participe passé après "avoir"

 Le participe passé d'un verbe employé après avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct (COD) lorsque celui-ci est placé avant le verbe. Sinon, le participe passé reste invariable.

Exemples :
» La proposition commerciale que j'ai présentée…
» Ils ont omis une erreur.
» Quelle erreur as-tu commise ?
» Les quatre heures que j'ai passé dans la circulation.
(Il n'y a pas d'accord ici car c'est un complément circonstanciel de temps sans préposition et non un COD)

Les exceptions avec des pronoms
Lorsque avoir est précédé du pronom l', le participe passé s'accorde uniquement si le pronom fait référence à "la" et n'est pas neutre. Par exemple : "Cette affaire, je l'ai gagnée." (l' fait ici référence à "cette affaire").

Par contre si c'est le pronom en qui précède l'auxiliaire avoir, en règle générale le participe passé ne s'accorde pas. Par exemple : "Des commerciaux, j'en ai embauché une trentaine cette année."
Cependant, si la phrase contient un COD avant le verbe, le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec celui-ci. Par exemple : "Cette mission était vraiment difficile. Je n'oublierai pas les enseignements que j'en ai tirés." (Ici, c'est que qui fait office de COD").

Les adverbes de quantité
Lorsque le COD précédant le participe passé contient un adverbe de quantité, c'est le nom qui commande l'accord (sauf si le nom suit le participe).

Exemples :
» Combien d'imprimantes as-tu vendues ce matin ?
» Combien as-tu vendu d'imprimantes ce matin ?

Mots composés : tiret ou liaison ?

 Pourquoi certains mots composés des préfixes pré, pro, co, multi, micro, ex... sont-ils parfois écrits avec un tiret et d'autres non ?

Une question de prononciation
Un mot composé contenant un préfixe, doit être soudé sauf si cette soudure entraîne une mauvaise prononciation ou des difficultés à la lecture. On écrit ainsi microéconomie mais micro-informatique (sinon on lirait "microinformatique"), ou encore agroalimentaire mais agro-industrie (et non pas agroindustrie).

Cependant, on observe que la plupart des mots qui commencent par le préfixe pro (pour) prennent un trait d'union, ceux qui emploient anti (contre) sont le plus souvent soudés, sauf lorsque la prononciation ne le permet pas. Pro forma (pour la forme) s'écrit quant à lui en deux mots car c'est du latin.

Les exceptions
Selon l'Académie française et la réforme orthographique ayant eu lieu en 1990, lorsqu'un mot composé contient deux mots savants, c'est-à-dire non autonomes et issus le plus souvent du latin ou du grec, les deux termes sont obligatoirement soudés. Par exemple : narcolepsie (Tendance irrésistible au sommeil survenant par accès. Du grec narkê signifiant "engourdissement" et lêpsis signifiant "attaque").

En outre, un mot composé avec un nom propre est écrit avec un trait d'union. Exemple : Ex-Yougoslavie.

Autre exception : le terme quasi. Lorsqu'il précède un nom, les deux mots sont liés par un trait d'union. Par exemple : quasi-cécité.

Les expressions
Lorsqu'une suite de mots est devenue une expression courante ou un nom composé, il faut mettre des traits d'union entre les mots. Exemples : Va-et-vient, non-dit...

Formation des adverbes

 Petits rappels sur les règles de formations des adverbes et leurs exceptions.

Quand utiliser le féminin de l'adjectif
Les adverbes en -ment dérivent d'adjectifs et sont donc formés à partir de ces derniers. Lorsque ceux-ci se terminent par une consonne au masculin, on utilise le féminin pour créer l'adverbe.
» Lent, lente, lentement
» Grand, grande, grandement
» Copieux, copieuse, copieusement
Dans les autres cas, on se contente d'ajouter le suffixe -ment (faiblement, prétendument, joliment…).

Choisir entre -amment et -emment
Si à l'oreille, on entend parfois un a à la place d'un e dans les adverbes, l'orthographe peut se révéler différente. Il faut alors rechercher l'adjectif à partir duquel est formé l'adverbe. Les adjectifs en -ant formeront des adverbes en -amment alors que ceux en -ent feront des adverbes en -emment. Par exemple :
» Apparent donne apparemment
» Constant donne constamment

 
Les exceptions à la règle
 
 AdjectifAdverbe 
 Bref, brèveBrièvement 
 Gentil, gentille  Gentiment 
 TraîtreTraîtreusement 
 GaiGaiement ou gaîment 
  Aveugle
Enorme
Précise
Aveuglément
Enormément
Précisément
(ajout d'un accent aigu pour certains adjectifs qui se terminent par -e)
 
 Assidu
Cru
Indu

Assidûment
Crûment
Indûment
(quelques adjectifs en -u prennent un accent circonflexe)
 

L'accentuation des mots

L'accent circonflexe
Si l'accent circonflexe matérialise parfois une ancienne lettre devenue muette, il sert le plus souvent de signe discriminant entre deux mots homophones. C'est le cas pour tacher (faire un tache) et tâcher (faire en sorte que, faire des efforts pour). On distingue également l'adjectif ou nom masculin, du verbe devoir, de l'article défini du. De même, les verbes croire et croître s'écrivent respectivement croit et croît à la troisième personne du singulier, ou encore cru et crû pour leur participe passé.

Mais parfois, cet accent n'a pas de fonction particulière. Ainsi on écrit grâce mais ses dérivés ne prennent pas d'accent : gracier, gracieux, gracieusement.

Le tréma
Le tréma à une fonction plus précise et apparaît en français sur les voyelles e, i, u et parfois sur le y dans des noms propres. Cet accent indique en règle générale que la voyelle précédente doit être prononcée séparément, ou que la voyelle accentuée est muette.

Le tréma apparaît souvent lorsque l'on passe du masculin au féminin pour permettre une prononciation adéquate. L'adjectif ambigu au masculin prend ainsi un tréma lorsqu'il est mis au féminin : ambiguë. La même règle s'applique pour :
» contigu, contiguë, contiguïté
» exigu, exiguë, exiguïté
» aigu, aiguë
 
Dans le tableau suivant figurent quelques exemples de mots avec un accent tréma. Pour vous aider à ne pas l'oublier, voyez quel effet cela fait lorsque vous enlevez le tréma et lisez littéralement ce qui est écrit.

 
Quelques mots comportant un tréma
 
 aïeulastéroïdemaïs 
 amuïssementcoïncidernaïf 
 archaïquehaïrvoltaïque 

Accents et majuscules
L'Académie française recommande, lorsque cela est possible, de faire figurer les accents sur les majuscules, ce qui facilite la compréhension du texte et évite des erreurs de sens.