lundi 17 janvier 2011

Les bienfaits des polices moches dans l'apprentissage

Vous n'aimez pas la police impact, le comic sans ms, ni le freestyke script ?
Vous n'écrivez qu'en Arial?
 Il va peut-être falloir changer vos habitudes. 

Dans une étude publiée dans Cognition, des psychologues de Princeton montrent que lorsqu'il s'agit d'apprendre quelque chose, ces polices moins répandues sont bien plus efficaces que les polices plus communes.
«Beaucoup de chercheurs et de professeurs estiment que réduire la charge cognitive supplémentaire est toujours positif pour l'étudiant. En d'autres termes, si un étudiant apprend de façon simple une nouvelle leçon ou un nouveau concept, il considérera, ainsi que le professeur, que son cours était une réussite», lit-on dans l'enquête.
Mais Connor Diemand-Yauman, Daniel M. Oppenheimer and Erikka B. Vaughan vont prouver le contraire: le discours «disfluide» peut se révéler utile dans le domaine de l'apprentissage. A travers deux expériences, les chercheurs ont en effet découvert que les étudiants semblent mémoriser plus facilement un cours lorsqu'il est présenté sous forme de «disfluide», en d'autres termes pas courante, ou qui sort de l'ordinaire.
Lors de la première expérience, les chercheurs ont demandé à un groupe de personnes de mémoriser les caractéristiques de trois espèces d'extraterrestres. Dans un cas, les caractéristiques étaient présentées de façon «disfluide»: avec une police grise de taille 12. Pour le reste du groupe, les caractéristiques étaient présentées avec une police Arial pure black, de taille 16. Lorsqu'on leur pose par la suite des questions sur les extraterrestres, le deuxième groupe répond correctement à 72, 8 % des questions. Alors que le groupe qui a suivi un cours «disfluide» obtient un score plus élevé: il répond correctement à 86,6% des questions.
La deuxième expérience, la plus intéressante selon Wired, est réalisée avec des vrais étudiants de Chesterfield, dans l'Ohio. Les chercheurs se sont procurés différents supports de cours, comme des présentations PowerPoint, des polycopiés et des feuilles de calcul. Ils ont ensuite changé la police de tous ces supports, en transformant ainsi des texte fluides en textes disfluides avec du Monotype Corsiva, du Comic Sans en italique, et du Haettenshweiler. Un groupe d'étudiants a suivi les cours avec les textes disfluides, l'autre a suivi le cours normal. Après plusieurs semaines d'apprentissage, les étudiants ont passé un examen: dans toutes les matières sauf en chimie, les étudiants qui ont suivi le cours disfluide ont obtenu de bien meilleurs résultats que les autres.
Remettre en questions les lieux communs n'est pas le seul atout de cette enquête d'après Wired, qui l'élit aussi meilleur titre d'article 2011. Les chercheurs jouent en effet sur le terme «bold», qui en anglais signifie Gras, mais aussi audacieux, et titrent leur étude: «Fortune favours the Bold (and the italicized): Effects of disfluency on educational outcomes».
Photo: Fonttypes, wikimedia.
Source http://www.slate.fr